BOHOL et CEBU CITY

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GÉNÉRALITÉS

Pays: Philippines

Voyage: Octobre 2013 / 5 jours

Période recommandée: de Décembre à Juin (et évitez Sept à Nov, pendant la période des typhons)

Durée recommandée: 5 jours pour notre itinéraire / 1 semaine à Bohol

Budget: $$

Itinéraire de Ganache: (jaune: jour 1 / vert : Jour 3 / noir :Jour 4 / marron: Jour 5)

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ASPECTS PRATIQUES

Transport: Vol Singapour ↔ Cebu direct, ou par Manille: 300 SGD avec Cebu Pacific Airlines est un bon prix. Notre avion a atterri malgré le typhon à Manille. Du coup on a dit merci au pilote.  Taxi Airport ↔ Pier 4 app. 200 P avec compteur. Ferry Pier 4 → Tagbilaran avec WeesamExpress: 450 P par personne (600 P si aller-retour). Autre compagnie: OceanJet, prix similaires. On n’a pas coulé, malgré les vagues géantes du trajet et le naufrage d’un ferry de la même compagnie 1 mois plus tôt. Du coup on a dit merci au capitaine.  Location d’une moto avec un gars trouvé à l’arrivée, 500 P par jour. La moto ne nous a pas trahi malgré les secousses de la route pendant les répliques. Du coup on a dit merci au loueur. Attention, aux Philippines, vous l’aurez compris, il peut y avoir des légers imprévus: ne pas se fier seulement aux distances, tout prend plus de temps.

Logement: 2 premiers soirs: Casa Amihan à Anda, vous trouverez pas mieux dans l’Est de Bohol. Les chambres sont très propres, belles, tout en restant simples, et donnent toutes sur la mer avec balcon privé. app. 2000 P la nuit, petit déjeuner compris. Les gens y sont très gentils.  3ème soir: le Huts Nuts à Loboc: super sympa et vraiment abordable, mais au petit matin: détruit, tremblement de terre oblige… Réaction très responsable du personnel, malgré l’ampleur des dégâts sur leur site… c’est triste. Se renseigner avant de s’y rendre. 4ème soir: Alona Beach . Bien pour ne pas mourir en cas de tremblement, les murs étant en Nippa. reste sommaire mais peu cher pour le coin.

Restauration: Les repas à Casa Amihan étaient incroyables, surtout leur vin Australien.  Plutôt surprenant pour les Philippines.  Tenter l’Adobo au porc mariné et cuit dans du vinaigre et de l’ail. A l’odeur, c’est pas foufou, au goût, trop bon!

A ne pas manquer: Les Chocolate Hills à Carmen, Les plages incroyables de Anda, le sanctuaire aux tarsiers, les vestiges d’ églises de Bohol (avant notre passage, j’aurais juste dit églises, dommage), la tyrolienne de Danao, nous a-t-on dit,  et survivre, tout simplement

Pour d’informations sur la page Philippines

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RÉCIT

Avant de partir

Je suis la meilleure des petites- amies. Et de loin. Pour être à la hauteur de ma réputation, je décide d’organiser un weekend surprise à Mathieu aux Philippines. Trois mois de préparation, la famille, les amis, et même son chef sont briefés. Je mens, je cache, j’invente et réinvente. Pas vraiment nécessaire quand on connait la capacité quasi nulle de Mathieu à s’attacher aux détails (“ah non Marie, je ne te crois pas, tu ne t’es pas coupé les cheveux de 15 cm”). Le weekend approche, l’excitation monte, les bagages sont prêts et bien cachés sous une pile de vêtements sales chez des copains, il n’a toujours rien remarqué, tout est sous contrôle.

Ou presque.

1 er soir

Pour m’assurer qu’un pull ne sera pas nécessaire, je regarde la météo avant de partir. Bilan: typhon sur Manille, notre escale. Après plus de 20 appels super stressée à la compagnie, le vol est maintenu: c’est sûr, on va mourir. J’annonce presque la boule au ventre la nouvelle à Mathieu, il est trop content, ça va zouker dans l’avion. J’ai envie de pleurer.

Hôtesse à l’aéroport: “nan mais c’est booon, ça vaaaa, le piloooote il a l’habitudeeeuu”. Pour rappel, la compagnie est plutôt du côté de la liste noire euroopéenne que de singapore Airlines. Je pleure.

Finalement, effectivement ça zouke, mais on atterrit. Je respire 2 minutes. Sauf que notre correspondance part à 6h du matin. Il est 6h du matin. Course poursuite aprés l’avion avec un ladyboy de la compagnie: on parvient à avoir notre vol: les vacances peuvent commencer.

Ou presque.

1er jour

Arrivée à Cebu, ça pas l’air très joli, ce n’est pas grave, nous allons à Bohol, une île à quelques kilomètres. Il fait beau, plus rien à craindre. FAUX. La mer décide de s’énerver, sans aucune raison (pas de vent, pas de pluie, juste du soleil), et là, autant dans l’avion ça zoukait, autant là, c’est les montagnes russes de Tchernobyl. Évidemment c’est à ce moment là que je me rappelle qu’il y a deux semaines, un ferry a coulé avec tous les passagers dans ce même couloir maritime. Je pleure.

Finalement, on arrive à bon port, je suis trop contente.

On parvient à louer une moto, et le sac sur le dos, on part pour Bohol. Depart initialement prévu à 10h du matin. Il est 13h30. Sur la route, arrêt à l’Eglise de Baclayon, en pierre de corail, une des plus anciennes des Philippines.

Elle est très majestueuse.

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On continue notre route, en longeant la côte du Sud de Bohol.

L’arrivée à Anda est un enchantement: la vie dans cette ville semble douce, on peut voir beaucoup d’écoles, de biquettes, et de terrain de Basket, les maisons sont très simples et majoritairement en bois et en nippa, mais avec beaucoup de charme, et aux jardins très fleuris. On trouve notre hébergement, une chambre dans une maison au bord de la mer, tellement agréable. Enfin un peu de repos, enfin…

 2ème jour

Réveil au bruit des vagues. La journée sera reposante. On nous explique que le snorkeling est à faire par ici, malheureusement l’eau est encore trouble d’une tempête récente.

Néanmoins, nous partons pour deux heures sur une barque avec un pêcheur du coin. Sa barque n’est pas stable et manque de se retourner plusieurs fois, son moteur est celui d’une tondeuse avec démarrage manuel, on prend l’hélice dans un mini filet de pêcheur mais on s’éclate comme des petits fous. On a l’impression d’être au milieu d’un lagon, avec autour de nous quelques rares barques sans personne dessus, mais avec des plongeurs pêcheurs dessous.

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Franchement, c’est pas souvent que je suis en plénitude, mais là, je voudrais être nul part ailleurs. On en profite pour se baigner, le sable est tout doux sous nos pieds.

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L’aprés-midi se passe dans le même esprit: plage, cocktail, plage, lunch, bronzette… Mathieu profite de son cadeau. On croise un italien veuf, venu retrouver sa petite copine philippine quelques jours, des jeunes couples d’ados, des ladyboys….

On rentre pour un coucher de soleil à notre homestay et pour un bon repas autour d’une San Miguel.

3eme jour

Je serais bien restée une journée de plus, mais des aventures nous attendent, dont certaines dont je me serais bien passé…

Départ pour les Chocolate Hills, le timing est serré, pas de temps à perdre. Le gars de l’hôtel nous dit de prendre à gauche, on prend à droite: Mathieu le sent bien. 10km plus tard, la route devient un chemin, qui devient encore 10km plus tard des cailloux, qui devient encore 10km plus tard complétement isolée au milieu de la jungle, qui devient quelques km plus tard une randonnée à pied pour moi, excédée par l’acharnement de mon inconscient de copain (Mathieu est toujours sur la moto), et qui devient encore quelques km plus tard l’enfer sur terre, avec des bruits d’animaux bizarres, 45 degrés à l’ombre, un sac de 15kg sur le dos, moi qui hurle d’énervement sur Mathieu, en poussant la moto pour la remonter en sens inverse, puisque Mathieu admet enfin une erreur d’appréciation. Je le hais, et regrette ma surprise.

Du coup sens inverse, on profite tout de même une seconde fois de la beauté du “raccourci”, qui traverse des villages authentiques et des sourires inoubliables.

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La route vers Carmen est longue, mais pas sans intérêt (rizières, paysages, sortie d’école, scènes de vie quotidienne) ni sans aventures: un léger accident de moto, sans conséquence fort heureusement, et des trombes d’eau, nous obligent à faire quelques pauses sur le chemin. On en profite pour acheter des bananes rectangles, et des pâtisseries à 2 Pesos l’unité.

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Une fois la pluie calmée, nous arrivons enfin aux fameuses Chocolate Hills, semblades à des pustules charmantes sorties de la terre. Il s’agirait de collines faites de dépôts de Corail puis façonnées par le vent. On y reste quelques minutes, c’est très joli, mais il faut être honnête, si elles sont plutôt photogéniques, elles sont un chouia décevantes en vrai.

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Nous repartons. Les pneus sont à plat: un petit garçon de 8 ans max nous aide à remettre de l’air, la honte. Pour le remercier, et s’assurer qu’il ne divulgue pas notre faiblesse aux journaux français, on lui donne 50 P (= 1EUR): il était heureux comme un pape, fier de montrer sa récompense à son papa, tout souriant. De nouveau une bonne rincée comme il faut. Heureusement une cabane partagée avec des gros poulets (et peut être même des coqs de combat) nous abritera pendant une bonne heure. Enfin, les derniers km avant l’arrivée. La route est belle, on traverse une forêt artificielle majestueuse, où on imagine facilement voir surgir des fées, des elfes, ou même peut-être des Hobbits.

Arrivée au Huts Nuts, un hebergement pour backpackers, au bord de la magnifique rivière Loboc. On est au milieu de la jungle, loin de tout, et enfin au calme.

Ou presque.

4eme jour

7h du matin: on se réveille tranquille, on joue avec les biquettes en liberté dans le jardin, on regarde la vie au bord de la rivière, et on commande notre petit déj allongés sur des coussins, dans le restaurant sur pilotis, avec vue sur la vallée.

Ça secoue… ça tremble, ça zouke très fort! trop fort! “TREMBLEMENT DE TERRE”! Je vérifie que Mathieu a bien compris mon hurlement dans ses oreilles (j’apprendrai plus tard qu’il croyait que quelqu’un secouait la cabane…!…) et par mimétisme, on court hors du restaurant. On attend, on attend, les bois craquent, les feuilles sifflent, les femmes crient, moi je prie, on attend, et ça s’arrête enfin. Vous me croyez si vous voulez, Mathieu est trop content et excité d’avoir survécu à un truc pareil. Sauf que les dangers ne sont pas finis: sur la colline d’en face, on s’aperçoit qu’une partie a glissé, et là je me souviens à quel point il a plu la vieille: je continue de prier pour que le sol sous mes pieds ne nous emporte pas.

Moi, je veux m’en aller, Mathieu lui, veut prendre son petit déjeuner: léger désaccord. Lui ” mais c’est rien” en calbute prêt à prendre une douche froide, quand soudain réplique! A poil dehors il à l’air malin, je jubile! Il n’est pas tout seul en slip: les autres cabanons sont pour la plupart détruits avec tous les invités dehors. Les répliques, légères, ne s’arrêtent pas (toutes les 10 minutes), et ne s’arrêteront pas avant notre décollage pour Singapour.

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A ce moment-là, on apprend l’info qu’on attendait tous: magnitude 7.3, épicentre à 20 km. On apprend aussi que de mémoire d’anciens, il n’y a jamais eu un tremblement de terre digne de ce nom à Bohol. C’est donc pourquoi les locaux du restaurant étaient aussi paniqués que moi. Mathieu est aux anges, certainement une chose en moins sur sa liste des catastrophes naturelles à survivre avant de mourir. Avec le tyhon du début du séjour, on est sur du combo légendaire là.

Pour vous donner une idée, voici l’endroit où on était quand il y a eu le tremblement: l’eau est devenue marron, elle est vert émeraude normalement (voir diaporama en bas de page pour la photo avant).

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Une fois que Mathieu a fini son petit-déjeuner pendant que je l’attends en haut de la colline la boule au ventre et les nerfs à vif, on part vers le port où nous devons normalement prendre le ferry, pour enfin rentrer chez nous. Une vraie appréhension de l’ampleur des dégâts s’immisce dans mon esprit. On roule, glissements de terrain (évitables en moto), routes craquelées (ça passe en moto), bâtiments abîmés: on arrive dans Loboc. Là l’Eglise (plus de 500 ans, et deuxième plus ancienne des philippines) est complétement détruite. Mais le plus dur, c’est de voir la peur dans les yeux de tout le monde: c’est quelque chose que je n’avais jamais ressenti avant, et qui vous rappelle que la nature n’en a vraiment rien à branler que vous soyez vivants ou morts: je vous jure, un tremblement de terre, ça secoue dans la tête aussi.

On parvient tant bien que mal à avancer, malgré des informations contradictoires (le pont est cassé, la route est coupée, il y a eu deux épicentres, tout est ma faute, et j’en passe). Un léger choc à Baclayon, la belle église que nous avions visitée quelques jours plus tôt est dans un sale état, c’est triste. Enfin on arrive à Tagbilaran pour prendre notre bateau. Pas de bateau. Je ne comprends pas, si à la limite il y avait eu un tsunami, j’aurais pu accepter mon sort, mais là la mer est plate. En fait le problème ce n’est pas la mer, c’est le port: il est coupé en deux, rien que ça.

On tente de partir a Tubigon avec un tuktuk moto. Glissements de terrain, la route est coupée, on tente l’aéroport: tous les vols sont partis, on nous propose néanmoins d’appeler un pilote local qui nous emmènera à Cebu avec son ulm.

Bizarrement je refuse: j’ai survécu à un tremblement de terre, c’est pas pour mourir deux heures plus tard dans un accident d’avion aux Philippines. Du coup, pas le choix, il faut dormir sur place, et quitte à rester, autant que ce soit dans un cadre agréable: on part pour Alona Beach, station Balnéaire courue des pédophiles et pervers en tout genre, super sympa. Plein de jeunes demoiselles aux bras de gros dégueux européens et australiens, et fort heureusement, pas de prédateurs de petits enfants à l’horizon.

Massage sur la plage, coucher de soleil époustouflant, et repas de poissons grillés, on essaie de se détendre comme on peut. Néanmoins, je n parviens pas à fermer l’œil de la nuit, je préfère rester éveillée au cas où un tsunami où un tigre surgirait dans ma chambre (à ce moment là, je pouvais m’attendre à tout, rien ne m’aurait surprise). La télé dans la chambre montre des images assez terrifiantes, le vivre est un peu moins dramatique même si ça reste intense. Les appels avec ma famille me rassurent, il est 5 h du matin, et il est tant maintenant de partir pour une nouvelle journée post-chaos, et trouver un moyen de rentrer à Singapour.

5eme jour

6h du matin, toujours pas de bateau en vue. La solution, partir avec un chauffeur de taxi qui à l’air de connaitre son business, pour Tubigon: il nous promets qu’il est parvenu à trouver, par moult raccourcis et détours, une route praticable pour Tubigon. On trouve 3 autres warriors pour tenter le tout pour le tout, et surtout partager le prix. Effectivement, il trouve un chemin, mais c’est le Paris-Dakar, plutôt du côté de Dakar que Paris. Quelques vols planés plus tard, on monte dans un bateau : on a réussi.

Notre vol étant le soir, on décide d’en profiter pour faire du tourisme: on va au centre commercial de Cebu. On mange, on joue aux jeux d’arcades, on panique à chaque réplique, le train-train quotidien aux Philippines quoi.

On décide quand même de se rendre au site historique de la ville, et on n’a pas tord: croix de Magellan, Cathédrale (un peu détruite) et bonjour au président de la République des Philippines, en mode “T’inquiètes cousin, le tremblement de terre je le connais, et je te jure que je vais le mettre au trou pour quelques années”. Comme je ne parle pas très bien le Philippin, excusez-moi, la traduction peut être approximative.

Il est 17h, il est tant d’aller à l’aéroport, où on décolle à 19h.

Mathieu est super content de son cadeau et de sa surprise. Moi je dors de soulagement. Mais j’ai tellement appris en 4 jours et ressent une connexion particulière dans mon cœur avec les gens ayant vécus ce tremblement que je planifie déjà mon prochain voyage dans ma tête, et pour sûr ce sera aux Philippines.

 Note: le bilan définitif aura été 250 morts, ce qui est un miracle vu la puissance du tremblement. C’est peut-être un peu cucu mais je m’en fous:  Je remercie Dieu pour nous avoir épargnés dans sa furie, Mathieu, moi, et les milliers de Philippins touchés par sa puissance.

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